EXTRAIT DU ROMAN « LES SOURCES DE LA PAPESSE«
« la Papesse Jeanne qui pouvait avoir quelque peu inspiré l’arcane »
Cette jeune fille du neuvième siècle, née dans une province germanique. Si avide de connaissances et de savoir qu’elle quitta tout pour partir étudier sciences et philosophie déguisée en homme. L’obscurantisme moyenâgeux contraignait les femmes à l’ignorance, leur barrant le monde des études, alors exclusivement monastique.
Dans d’autres récits, elle avait été une amoureuse aventurière. Elle aurait suivi son amant, l’accompagnant dans ses études. Sa tenue masculine l’autorisant à accéder aux mêmes connaissances que lui… Elle parcourut l’Europe et par la force de son esprit et de son érudition obtint un poste de scribe à la Curie romaine. Faisant l’admiration de tous et particulièrement du Pape, qui la nomma cardinal. Au décès de Léon IV, elle aurait été élue Pape par acclamations. Tous appréciant sa culture, sa bienveillance, sa piété et sa beauté. Elle serait alors devenue Jean VIII « l’Angélique ».
Dans le même temps, elle avait mené une vie de femme et conçut un enfant de son amant, Lambert de Saxe, ou l’ambassadeur du Saint-Empire Romain Germanique. Et lors de son intronisation… ou, selon les sources, après deux ans de règne aux Rogations de l’Ascension… accoucha lors d’une procession qui la menait au Latran. Elle s’effondra en pleine rue et mourut en mettant au monde un nouveau-né qui ne survécut pas non plus.
L’emplacement de l’heureux événement fut marqué d’une stèle attestant de son caractère diabolique et depuis les cortèges pontificaux évitent l’endroit.
Tout cela n’est, semble-t-il, qu’une légende. La stèle ne serait qu’une fresque représentant une vierge à l’enfant. La rue évitée parce que trop étroite. Jean VIII un pape trop faible vis-à-vis de la puissante église de Constantinople, une femmelette, un sans couille…
Légende ou pas, les papes avaient dû pendant des siècles, en preuve de leur masculinité, se faire rituellement tâter les couilles, sur une chaise percée.
Et ne pouvaient être intronisés avant d’avoir entendu proclamer à la face du monde « Duos habet, et bene pendantes », qu’ils en avaient deux, bien pendantes !… Et qu’il en soit rendu grâce à Dieu.
Cela aussi avait, parait-il, été inventé, alimenté et colporté au cours des siècles suivants par les détracteurs de l’Église catholique romaine. Bien aidés par sa misogynie maladive, sa peur atavique de la féminité. Très longtemps, celle-ci s’accommoda de l’histoire. La propagea même. Admettant l’existence de la Papesse Jeanne par l’intermédiaire de ses religieux, comme les dominicains Jean de Mailly ou Martin Polonius qui au treizième siècle, l’inclut dans ses Chroniques des Papes et des Empereurs, préférant la diffusion de ce type de fantasmes à toute discussion sur une femme !
Quand le fantasme la dépassait, elle le brulait ! Ainsi finit, en 1300, sur les buchers de l’inquisition, la Papesse hérétique Manfreda Visconti de Provano.
Ce n’est qu’au seizième siècle que l’église de Rome commença à nier la réalité de cette histoire, qui fit partie des nombreuses polémiques qui menèrent au grand schisme d’occident. Les protestants Calvin et Luther, la nouvelle église d’Angleterre et son mouvement antipapiste en firent leurs choux gras !…
Ainsi naissent les légendes…
RÉFÉRENCES :
LIVRES
FILM
Pas forcément une référence
LIENS