LES LECTURES DE L’IMPERATRICE

LA PROVENCE PROFONDE

J’aime partager dans mes écrits les lectures qui m’ont fait rêver et voyager hors de mon quotidien. Pierre Magnan appartient depuis longtemps à la liste de mes auteurs phares. La ville de Forcalquier, si souvent visitée dans ses romans, l’a mis à l’honneur et lui a dédié une place. Je l’en félicite et remercie.

… Il découvrait ou redécouvrait en ce moment Pierre Magnan et les Basses-Alpes… Il se rappelait d’avoir vu « La maison assassinée » des années auparavant. Le film ne lui avait pas laissé un souvenir impérissable. Le livre, lu récemment, lui avait plu. Depuis, il prenait un plaisir épicurien à suivre les pérégrinations et les états d’âme du Commissaire Laviolette. L’écrivain et ses mots magiques l’entrainaient sur des pentes abruptes, par des sentes défoncées de pierrailles, vers des soleils intenses, bousculé par ce mistral aux bourrasques infernales, piétinant dans la neige, profitant de la douceur d’une nuit étoilée dans une époque où seuls ces lointains soleils et la lune de la terre éclairaient les ténèbres. Les villes, la vie moderne et son électricité parasite n’étaient pas encore omniprésentes, omnipotentes. L’auteur, s’il adorait sa région, n’était toutefois pas très aimable avec ses compatriotes. Il revenait souvent sur l’âpre ladrerie de ces paysans noueux, de ces vieilles femmes en noir. Il la décrivait cependant avec tendresse, laissant entendre qu’ils ne pouvaient y échapper, elle était incluse dans leurs gènes. Mutation de résistance, de survie, à la dramatique pauvreté à laquelle leur terre si dure et pourtant tant aimée les avait contraints depuis des siècles.

Il se voyait bien sillonner le pays et découvrir les paysages décrits avec tant d’enthousiasme. Bien sûr, il risquait d’être déçu. Les Basses-Alpes s’étaient transformées en Alpes-de-Haute-Provence avec touristes, stations de ski et villages restaurés… Mais en cherchant bien, au fond des chemins creux, des bois profonds, dans les combes arides… Il pourrait bien retrouver quelques ruines du vieux pays dur et sauvage… Il rêvait des andrones de Sisteron et de glycine, de calades, des galets de La Bléone, Oraison, Forcalquier, Ganagobie… Tous ces noms l’appelaient… Certes pour Ganagobie son rêve s’était déjà bien écorné sur l’aire d’autoroute voisine. Il s’y était arrêté avec gourmandise un jour qu’il passait par là et n’avait aperçu qu’un village sans charme à crépis roses et tuiles mécaniques… Mais peut-être que derrière… Il irait vérifier… Et pour le pays bas-alpin profond, il pouvait compter sur Serge… Là où ils iraient, les ronces n’avaient vu personne depuis cinquante ans… Il regretterait cette idée… Il le savait déjà… D’ici là, il relirait aussi Giono… Cela renforcerait sa détermination. Il gardait un souvenir visuel ensoleillé et joyeux du film Le hussard sur le toit. La peste en Provence, l’épidémie ravageait alors le pays, l’avait pourtant impressionné. Il espérait retrouver dans le livre cette conjonction si improbable et cependant si puissante de la vie et de la mort…

EXTRAIT DU ROMAN : AUX ORDRES DE L’IMPERATRICE
J’aime bien aussi aller me promener sur les lieux de mes lectures.
s’est révélé aussi décevant qu’attendu.
Hormis son fronton, l’abbaye aussi. Elle a été entièrement reconstruite et dédiée au dieu Tourisme..

a, lui par contre, gardé toutes ses promesses. Le film comme le livre vous entrainent dans une échappée intense au gré de paysages magiques.

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