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LA LAME DU CHARIOT

Description et iconographie de la septième lame des Tarots de Marseille – LE CHARIOT.
EXTRAIT DU ROMAN :

Toute la surface de l’arcane est occupée par le véhicule et nettement divisée en deux parties de tailles équivalentes, mais d’aspects très différents. Le haut est structuré, organisé, carré alors que le bas présente un tableau confus et incompréhensible.

La moitié supérieure est strictement délimitée par quatre colonnes qui supportent un dais protecteur, en général de couleur chair, parfois en ciel étoilé pour des visions plus kabbalistiques. Quatre colonnes pour les quatre points cardinaux vers lesquels se diriger, pour les quatre côtés du carré, solide et stable figure géométrique qui encadre et enferme. Le dais marque le bord supérieur de la lame, pas d’échappatoire possible de ce côté-là non plus.

On peut sans difficulté imaginer cette moitié de carte en scène de théâtre sur laquelle l’acteur principal s’incarne dans le magnifique jeune homme qui y trône. C’est un prince, un conquérant. Il se tient debout, dans la position de celui qui ose, et de face, ancré dans le présent. On note toutefois, une légère dérive du regard vers la gauche. Il va s’appuyer sur les acquis du passé pour avancer. Son physique avenant et sa blonde chevelure nous rappellent LE BATELEUR et L’AMOUREUX. Le jeune apprenti a franchi une étape supplémentaire sur la voie des lames et s’apprête à effectuer son grand départ dans son char triomphant.

Il s’est vêtu en guerrier victorieux et tous vont l’ovationner lors de son passage. Il a endossé une armure légère et richement ornée. Elle comporte des épaulières d’or, chacune sculptée à l’effigie d’une face de Janus, le dieu des commencements et des fins, des passages et des portes. Le dieu aux deux visages pour le passé et l’avenir, le soleil et la lune, l’euphorie de la victoire ou l’amertume de la défaite. Son plastron cuirassé est superbement décoré et embossé. Plus bas, on devine ce qui pourrait être le submarlis protecteur des soldats romains ou un vêtement plus féminin.

En effet si, malgré la longue chevelure blonde, la physionomie semble indubitablement virile, dans les nombreuses versions de la lame sur lesquelles le cou du personnage est dégagé, aucune pomme d’Adam ne le marque. Cet attribut, caractéristique de masculinité, se détache pourtant toujours fort bien sur celle de L’IMPERATRICE. Ce détail, associé à la finesse des mains et à la pose gracieuse, le poignet gauche appuyé sur la hanche, ouvre à conjectures. Homme ? Femme ? Finalement quelle importance, pour tous il faut aller de l’avant.

Le conducteur arbore les attributs royaux que sont la couronne et le sceptre. Mais étrangement, aucun crâne ne dépasse des fleurs de lys de celle-ci et le sceptre ressemble à un bâton support d’un jouet d’enfant et son grelot, un hochet. Le jeune prince dans toute sa gloire part conquérir le monde, mais il risque de rencontrer quelques obstacles du fait de son inexpérience ou d’actions trop irréfléchies.

Cette idée de conquête difficile est renforcée par le graphisme chaotique et les éléments dissonants de la moitié inférieure de la lame. Dès qu’on l’observe d’un peu plus près, on se rend compte que cet engin n’ira nulle part. Ses deux roues sont alignées dans le plan frontal et enfoncées dans le sol. Le conducteur perché dessus ne tient aucune rêne pour guider l’improbable attelage dessiné devant lui. Ses chevaux ne disposent que d’une moitié antérieure de corps, quatre pattes certes, mais pour deux ! En plus, si leurs quatre yeux, à l’instar de ceux du jeune homme, regardent vers la gauche, leurs demi-corps divergent. Ils partent chacun vers une direction différente. Ils tirent à hue et à dia selon l’expression consacrée. Ils sont à l’image de ceux de l’allégorie de Platon dans le Phèdre des dialogues socratiques.

Le jeune cocher n’a vraiment pas la partie facile, les difficultés à surmonter sont multiples. Aux chevaux à dompter, au véhicule désaxé s’ajoute un sol inégal, broussailleux et peu carrossable. Toutefois, au milieu de tous ces improbables et incompatibles, un solide corps de char, un caisson carré au volume imposant, le protège du désordre qui règne sur cette moitié de carte. De forme simple, il est peu ornementé et occupe une grande partie de l’espace. Pour seul décor, un écusson est inscrit en son centre. Il est souvent vide, parfois agrémenté d’un petit graphisme, mais prévu, à la base, pour que les maitres cartiers y apposent leurs initiales.

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Zabe Quinez

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